Croisières en pénichette sur les canaux et les rivières

Une voie digne d’un roi

A tout seigneur, tout honneur ! Qui n’a rêvé du « canal royal du Languedoc », ce magnifique ruban ombragé de 240 kilomètres entre Toulouse et la Méditerranée . Classé à l’Unesco depuis 1996, il est victime de son succès, préférez donc l’automne. Choisissez par exemple la moitié sud au départ d’Agde, non loin du débouché du canal dan l’étang de Thau, jusqu’à Carcassonne. D’emblée, une rarissime écluse ronde à 3 entrées donne le ton : rien n’a été négligé pour que ce chantier témoigne de la grandeur de Louis XIV.

Après Béziers,où l’on fera un saut vers la vieille ville, voici le premier pont-canal, celui-ci sur l’Orb, et les fameuses écluses de Fonsérannes. Armez-vous de patience, il y a souvent des bouchons pour monter les 6 bassins ovoïdes. Une heure après, finies les manœuvres, voici le plus long bief de France, soient 54 kilomètres pour savourer les grandes perspectives bordées de platanes. Prenez le temps d’admirer en surplomb la garrigue et les vignobles du Minervois et de Saint-Chinian, de faire du vélo sur le chemin de halage, la vitesse étant limitée à 8 km/heure.

Au fil des ports et des village médiévaux – Capestang, Homps, Marseillette, Trèbes … – , vous ressentirez cette beauté sereine du canal. Comme au hameau du Somail, avec son pont en dos-d’âne flanqué d’une chapelle, sa péniche-épicerie et son musée du Chapeau. Si bien que même la cité de Carcassonne vous consolera à peine d’être au terme du voyage !

Ponts-canaux et coteaux viticoles

En approchant de Ménétréol-sous-Sancerre, au 3ème ou 4ème jour de navigation, vous comprendrez à quel point ce village porte bien son nom. Même privée de ses remparts et de son château fort, la cité médiévale de Sancerre en impose.

Sur les pentes de la colline s’étagent vignes, bosquets et maisons de pierre. après une belle montée à pied ou à vélo, vous savourerez votre verre de blanc sec et frais avec un crottin de Chavignol, l’autre fleuron du pays. La vue embrasse le vignoble et la vallée de la Loire, toute proche à Saint-Satur, où vous pourrez bronzer sur les plages du fleuve en faisant étape dans l’agréable port contigu. Mais ne vous attardez pas, il vous reste beaucoup d’éclusiers à saluer, noyés dans les graminées et les peupliers, pour atteindre Briare, la ville d’arrivée et son majestueux pont-canal, en partie conçu par Gustave Eiffel.

Durant les premiers jours, avant d’atteindre le Sancerrois, vous aurez commencé l’aventure à Dompierre-sur-Besbre, au nord de l’Auvergne. Parmi vos souvenirs figurent sûrement un arrêt à l’abbaye trappiste de Sept-Fons pour faire le plein de confiture ; un premier port à côté de la Loire, à Decize en Bourgogne ; ou les faubourgs sud de Nevers rapidement suivis par la traversée de la rivière Allier juste avant son confluent, sur le pont-canal du Guétin.

À proximité, peut-être avez-vous fait un crochet de 5 kilomètres pour voir le village berrichon d’Appremont-sur-Allier, classés parmi les plus beaux de France, et son parc floral. Et comment oublier les coteaux viticoles de Pouilly-sur-Loire ou La Charité, petite ville emblématique des douceurs ligériennes avec ses bouquinistes et son église prieurale clunisienne…

Une rivière au cœur des bastides

Les moqueries sur le tréma et son absence cesseront lorsque vous raconterez votre descente de cette rivière d’Aquitaine, la Baïse. Pour commencer, Buzet-sur-Baïse décline un vin complexe et gourmand. N’en abusez pas pour arriver  jusqu’à la bastide fortifiée de Vianne, puis l’imposant moulin de Barbaste, lui aussi fortifié, avec son pont roman.

En traversant les florissantes cités de Nérac, Moncrabeau et Condom, vous croiserez successivement Henri IV et sa famille, les menteurs et les producteurs d’armagnac… Arrêt obligatoire à Flaran pour son abbaye cistercienne avant de faire demi-tour devant la bastide de Valence-sur-Baïse.

Des rives romantiques

De Messac, point de départ, on traverse la Vilaine et on évite la minoterie sur son île pour atteindre Guipry. Un regard sur les quais, les maisons du XVIIe siècle et l’encourageante chapelle Notre-Dame-de-Bon-Port, et la remontée de la Vilaine vers Rennes débute.

Aucun stress dans les méandres surveillés par les échassiers. À Pléchâtel la Vilaine reçoit les eaux du Semnon et plaît aux plaisanciers depuis des siècles au vu de ses menhirs, dolmens et restes gallo-romains.

En aval de la riche métropole, Pont-Réan attire les Rennais venus respirer sur les pittoresques berges du moulin de la Boël ou sur les neuf arches du pont de ce bourg de schiste rouge. Après Rénnes, débute le canal d’Ille-et-Rance et le site d’Hédé-Bazouges : onze écluses, une tous les 200 mètres, pour monter 27 mètres ! Une des maisons éclusières retrace l’histoire du canal ; à Tinténiac, ce sont les outils et les métiers anciens qui s’exposent. Au terme du voyage, dans les Côtes d’Armor, la petite cité de Léhon avec son abbaye Saint-Magloire annonce en beauté la fortifiée Dinan et ses trésors d’architecture.

Au fil du patrimoine

La Saône permet une belle exploration de l’architecture franc-comtoise. 130 kilomètres de cours paisible à l’état quasi naturel, des escales régulières, peu d’écluses :  » la petite Saône » qui relie le pied des Vosges à la Bourgogne multiplie les atouts. Marqué par la batellerie, Port-sur-Saône est une bonne base pour naviguer ver Scey-sur-Saône et son canal souterrain long de 681 mètres.

La découverte se poursuit via des villages typiques, tels Ray-sur-Saône dominé par son château, la riche cité de Gray et Mantoche d’où l’on revient au point de départ. À moins d’enchaîner sur le Doubs jusqu’à Dôle, jolie ville jurassienne.

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