Côte ouest, la Suède radieuse

Le renouveau des baraques

Voici les ruelles du bois de Haga, leur ancien quartier. L’industrialisation a changé la donne : les baraques devinrent corons à ouvriers. La tertiarisation est venue. Les squatters ont pris la suite, puis la fuite, faisant de Haga un taudis. Le maire décréta la « rénovation » – traduisez : un rasage de près. Le peuple a dit non, et le pavé ancien est resté intact. Le bois vermoulu a été traité. Haga s’est gentrifié.

À Göteborg, où un habitant sur sept est étudiant, le quartier magnétise par ses bars scandi et trendy, les restaurants vegan y côtoient les designers, les boutiques où volettent les senteurs de bougies et de pot-pourri. Deuxième métropole avec son million d’habitants, le premier port de Suède exhale l’ouverture à l’air du large, l’aspiration au vent libre. Sa position méridionale relative, 900 kilomètres sous le cercle polaire, fait passer la cité pour plus häftig (« cool ») que Stockholm.

Dans le grelottement joyeux des trams, cadres en trottinette et blondinettes à queue-de-cheval filent sous les atlantes athlétiques des immeubles, vers les terrasses de Kungsportsavenyn, l’avenue principale. Les Suédois ont aussi leur verlan, et c’est l’heure sacrée du fika, le café qu’escorte parfois un gâteau tout sirupeux de cannelle et de cassonade. « Avenyn » pour les locaux, axe vital de Göteborg, part du vieux centre et stoppe devant une statue de Neptune qui serre sur son torse nu un requin, tel un ours en peluche.

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