Côte ouest, la Suède radieuse

Parfois la pierre sait planer comme un banc de brouillard. C’est à la lumière du matin qu’on observe le mieux ces gravures rupestres de Tanum dans la province du Bohuslän, égaillées sur la lande en un pique-nique de nappes brodées. La roche qui affleurait a plutôt été burinée par les artistes d’il y a trois millénaires, traçant à coups de galets dans le granit des ribambelles d’hommes, de femmes, survolées de bêtes à cornes et de chars solaires.

Entre lichens, bruyères et genévriers, nous passons de l’un à l’autre de ces dessins, accouplements vitalistes, scènes de ménage rehaussés par la peinture vermillon : un catalogue énigmatique qui, se riant des frontières, court sur 50 kilomètres jusqu’à Oslo.

En 1934, les « scientifiques » de la SS sont venus jusqu’ici, faire des copies en plâtre, espérant prouver que les Nordiques avaient inventé les hiéroglyphes. À Vitlycke, près du musée archéologique consacré à ces œuvres, nous attendent les plus étonnantes : des navires gravés, des dizaines de navires chargés d’hommes en armes. Pas d’hier que les hommes du Bohuslän ont la fibre marine, écumant la mer d’alors, tant le hareng abondait. En 1900, le poisson migre ailleurs. La pêche se met à vivoter. Les pêcheurs descendent 150 kilomètres au sud, cherchant fortune  » à la ville »… Göteborg.

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